#. Midnight A. Sheppard

« Mange la bouche fermée, Midnight. »
« Et si tu pouvais arrêter de nous fixer comme cela. Tu es mal poli. »

C'était le 30 décembre 1888. Il régnait dans la maison des Episkeia une ambiance plus que désagréable. Chacun, assis à chaque côté de la grande table en bois, mangeait en silence, se regardaient sans dire mots. Les valets, un à chaque extrémité de la longue table, attentait de savoir les désirs de monsieur et madame. En tout, ils disposaient d’une dizaine de valets dans toute la maison. Une petite clochette était également à leur protée pour pouvoir appelé les cuisiniers eux-même. Mais ceux-ci ne semblèrent pas les voir, ce soir. Toute leur attention était porté sur Midnight. Le jeune garçon les regardait sans louchait, sans baisser les yeux. Depuis son arrivée dans la famille, une guerre s’était installé entre lui et ses pseudo-parents, comme ils les appelaient. Tout ceci était d’une monotonie dérisoire. Ces petites remarques étaient devenu un rite incontournable de la famille. Une routine. Par contre, ci cette soirée ne fut pas comme les autres, c’est à cause de ce qui suivit. Normalement, Midnight aurait dû baissé les yeux. Ne rien dire. Faire comme s’il n’avait rien entendu. Il était le roi des « je n’ai rien vu, rien entendu ». Or, ce soir, cela ne se passa pas ainsi. Je me demande si Mid’ serait toujours là si cette soirée ne s’était pas passée.

Le garçon se leva d’un geste brusque, sans faire attention à la règle de la maison qui disait « ne jamais se lever de table temps que vous n’en avez pas la permission ». Les règles, cela faisait longtemps que Mid’ ne voulait plus en entendre parler. Mais ce fut la première fois qu’il en sèchait une de telle façon. Des éclairs semblaient émaner de ses yeux noirs, intense. J’aimais beaucoup ses yeux. Les parents semblaient bien moins les apprécier que moi.

« Je vous emmerde. »

Et ça, ils l’apprécièrent encore moins. Les yeux du père étaient tellement énormes qu’il semblait avoir vu un monstre. Encore un peu et ils sortaient de leur orbite. La mère, quant à elle, était complètement paralysée. Pendant plusieurs secondes qui parurent des minutes, aucun mot ne fut prononcer. C’est le père qui déchira le silence qui s’était installé dans la grande salle d’une voix qui je ne lui avais encore jamais entendu.

« Dégage. Je ne veux plus te voir. »
« C’est bien la première fois que nous avons la même idée, papa ! »

Oh, ce papa, il avait été prononcé avec tant de dégout. Il aurait pu faire un effort, tout de même, sur ce point là, Mid’. D’accord, les parents n’en font guère, mais si lui n’en fait pas non plus, c’est clair que rien ne risque de s’arranger. C’est ce que Melvina pensait, jusqu’à ce qu’elle apprenne que Mid’ était parti.. Pour toujours. Ce qu'elle ignorait également, c'était que cette dispute comme il en existait d'autre était de loin la deuxième raison qui l'avait poussé à partir. La première était qu'il était tombé amoureux de la jolie jeune fille.




« Tu nous dois le respect, jeune fille »
« C’est vous qui parlez de respect ? Non mais vous vous entendez ?! »
« Monte dans ta chambre, je ne veux plus te voir ! »
« Bordel mais qu’est-ce que vous chercher à la fin ? A me foutre à la porte comme vous avez fait avec Mid’ ? »

Le silence sembla incongru après les cris si fort qu’il aurait suffit de mettre un miroir entre la jeune adolescente et ses parents pour qu’ils se brisent. Et ce n’était pas la première fois que cette discution avait lieu. Depuis son départ, Melvina parlait énormément de Midnight. C’était, pour elle, une façon de ne pas l’oublier, de garder sa présence dans cette demeure devenue si froide. Deux mois étaient passés depuis cette soirée bouleversante. Deux longs mois. Jamais Melvina n’avait reçut autant d’attention de la part de ses parents, et à choisir, elle préférait le temps où elle n’était qu’insignifiante à leurs yeux. Au moins pouvait-elle faire ce que bon lui semblait quand elle le souhaitait. Pourquoi était-il parti ? Pourquoi ? Il ne lui avait rien laissé. Pas même un petit mot. Elle monta les escaliers avec la pensée qu’il y a deux mois, c’était Mid’ qui montait avec le regard baissé et le cœur blessé. Elle entra dans sa chambre, les larmes aux yeux et le menton tremblant. Sans prendre la peine de prendre un mouchoir pour s’essuyer le visage, elle se dirigea vers sa table de nuit un bois de chêne et ouvrit le premier des tiroirs. Elle en sortit une petite photo représentant Midnight. Il n’avait pas le droit de la laisser seule. Il connaissait les parents. Il savait ce qu’elle devrait endurer après son départ. Pourquoi avait-il pris cette décision ? Il aurait pu lui parler. Lui proposer de l’accompagner même. Tout, tout sauf la laisser ici dans cette maison. Dans un élan de rage, elle déchira la petite photo en sanglot et la lança par-dessus la fenêtre. Il sembla que, ce jour-là, ce ne fut pas que les deux morceaux de papiers qui furent enlevés de sa vie, mais aussi tous ses souvenirs.





Midnight était assis sur le bord d’un petit pont en solitaire. La solitude n’était pas un mauvais compagnon, elle ne le dérangeait aucunement. Le seul défaut qu’elle avait, c’était qu’elle n’était pas très bavarde, et cela comptait bien peu pour lui. Il n’avait pas besoin de parler pour vivre. Ses jambes flottaient dans le vide, ses yeux vagabondaient de l’eau qui coulait lentement au ciel d’un joli bleu clair. La rue était calme, en cette après-midi de juillet, reposante. Cela lui faisait du bien. Si toutes les journées pouvaient ressembler à celle-ci, sa vie ne serait pas aussi difficile. Le calme n’était brisé que de temps à autres par une légère brise pas méchante. De temps à autres aussi par un petit gargouillement de ventre. Le faim le tenaillait, mais Mid’ feignait de ne pas le remarquer. Ce n’était, de toute façon, pas nouveau. Ses rares repas, il devait les voler où demander l’aumône. Or, s’il y avait bien quelque chose qu’il détestait, c’était cela. Il préférait aller dans les snacks, prendre sur la table un sandwich inachevé et partir comme il était entré. Il ne dérangeait, personne, ainsi. La rue était devenue sa maison. Il ne restait jamais plus de 2 mois dans la même. La plupart de l’Angleterre n’avait ainsi presque plus de secret pour lui. A voyager constamment, il avait fait des rencontres inoubliables –mais jamais autant que Melvina- et avait des dizaines d’amis un peu partout. Mais si ses amis étaient nombreux, ses ennemis l’étaient encore plus. Il ne les comptait d’ailleurs même plus. En 2 ans, il avait battu tous ses records.

Son regard dur s’arrêta soudain sur une sorte de gros oiseaux volant au loin. Il devait être une chouette, ou un hibou. Il s’approchait de plus en plus de la terre, et de lui dans la même occasion. Les yeux de Mid’ s’écarquillèrent. Il connaissait maintenant assez bien tout ce qui l’entourait, la nature et les animaux, que pour savoir que cet hibou –car maintenant qu’il était proche, il le devina- ne sortait que la nuit. C’était rare d’en voir un de si près pendant la journée. Il n’arrêtait pas d’approcher.. Il continuait à voler dans sa direction. Midnight se leva, sur ses gardes. En 2 ans, il avait appris à se méfier de tout. Mais cela ne sembla pas effrayer l’oiseau qui continuait à s’approcher. Le jeune garçon avait les yeux rivés sur lui, ne sachant quoi faire. Il avait déjà eu affaire à des serveurs de snacks et à des voyous, mais à une chouette, c’était bien la première fois. Il ne bougea donc pas et resta debout sur le petit pont, attendant que la chouette parte. Mais elle ne partit pas. Elle s’arrêta à côté du Midnight, sur le rebord du pont. C’est alors qu’il la vit. Une lettre était accrochée à sa patte droite. L’oiseau fixa le garçon pendant plusieurs minutes sans que rien ne se passe. Puis celui-ci sembla comprendre, enfin, que la lettre lui était destinée. Il se pencha et la détacha de la patte du hibou qui s’envola aussitôt. Midnight le regarda partir jusqu’à ce qu’il ne devienne plus qu’un petit point dans l’horizon avant d’ouvrir la lettre. Celle-ci lui venait de l’école de sorcellerie Poudlard et lui annonçait qu’il était un sorcier. Une joie immense s’empara de lui. Il se rappelait bien que sa mère était une sorcière, mais de là à en être un également, l’idée ne lui avait jamais effleuré l’esprit. Tous ses problèmes s’envolèrent ce jour là. Ce hibou était son sauveur.