Bouncebackability (LIBRE)

lorsqu'il l'avait vu la veille... son coeur avait raté un battement. mais elle, elle ne l'avait pas vu. ni même regarder. il y avait son grand frère, là... javier. lui, c'était un chic type. mais à part un signe de la main, il n'avait pas osé aller lui parler. la table des serpentard avait quelque chose d'effrayant quand on était un simple poufsouffle. il n'en avait pas spécialement peur, non, bien au contraire, mais ils étaient nombreux, et puis... ils se moquaient souvent de son sac troué, ou encore de sa robe dont la couleur s'enlevait peu à peu. elle avait appartenu à son grand frère, ilesh. alors imaginez vous un peu l'âge qu'elle avait... huit, neuf ans peut être... ? mais il ne disait rien. il tournait le regard et continuait son chemin, comme d'habitude, la plupart seule, car il étouffait trop ses rares amis. et même saul le trouvait lourd à la fin. enfin. elle était allée lui parler, et c'était le seul moment du repas où il l'avait vu. il avait ainsi mangé doucement, espérant la croisée, mais elle partait déjà en compagnie de ses amis. et c'était comme cela depuis tant d'années... alors il se consolait en se disant qu'il était musulman, et que de toute façon, elle ne pourrait jamais se mettre avec lui. et lui... il regardait le ciel, se demandant si allah était content de lui. si un jour, il aurait sa récompense, sa place au paradis. car il n'avait jamais cédé à la tentation... jamais. mais... et c'était comme ça depuis longtemps. même lorsque les autres se moquaient d'elle parce qu'elle s'habillait bizarrement. lui, il aimait ça. il la trouvait originale, et marrante. elle souriait, et pour lui, c'était comme si il voyait l'une des sept merveilles du monde. pourtant, ce n'était pas pour lui qu'elle souriait, c'était souvent pour les gens qui se trouvaient derrière lui, et qui allaient à sa rencontre. alors il remettait son sac, et continuait son chemin. au moins, c'était un bon musulman.

et tous ça pour son père qui n'avait aucun regard pour lui. vince ne cessait de lui dire de foncer, de s'en battre les couilles. même kirsten et saul lui disaient de passer au delà de ça et que de toute façon, son daron n'en avait rien à foutre. il les regardait, souriait, et il répondait toujours : mais au moins, je suis un bon musulman, et j'irais au paradis. c'était pour cela que ses amis restaient avec lui. parce qu'il semblait trop naïf. bon nombres de fois, kirsten lui avait des compliments, comme quoi c'était un beau gosse, qu'il avait un charme fou, ou n'importe quoi... mais il souriait et il lui répondait toujours qu'il fallait attendre qu'on lui amène sa future femme. celle que son père lui aurait choisi. alors, vince venait, et le prenait dans ses bras, comme si khvan disait cela avec douleur. ce n'était pas le cas. mais son regard lui, le disait. il en avait marre. cela se voyait. mais il était résigné. et lola, c'était son rêve. mais il ne devait pas céder. voilà pourquoi il n'aimait pas rêver. parce que ça le tentait et que ça lui donnait des envies qui... qui était de son âge... mais qui était impure. et pourtant... à la maison, tout le monde le savait que khvan en bavait pour la fille de l'ambassadeur mexicain. mais... arka s'en fichait. car il lui disait toujours : mais tu es un bon musulman. c'était le seul compliment, si l'on peut appeler ça ainsi, que son père lui faisait. voilà pourquoi khvan était tellement attaché à la religion.

mais il avait fallu qu'il la rencontre aujourd'hui. et pas de la meilleure façon, car alors qu'il tournait à l'angle d'un couloir pour se rendre à son cours d'arithmancie, il percuta une personne, et aussitôt l'on entendit des parchemins tombaient au sol. elle était là. lola était là. khvan ne dit rien. elle le regardait. il baissa le regard. il cilla, et se baissa systématiquement, l'aidant à ramasser tout en bredouillant doucement, de sa voix légère et musicale, qui avait quelque chose de très orientale, comme sortant d'un de ces comptes des milles et une nuits.

- désolé... j'ai... je suis... enfin, j'aurais du regarder là où je marchais... vraiment désolé.

fuir. c'était tout ce qu'il voulait en ce moment précis.

ne pas regarder. ne surtout pas la regarder. ne pas croiser son regard. surtout pas. éviter tout contact avec la demoiselle. celle qui lui dévorait ses nuits avec une argenterie délicate. khvan en avait mal au cœur, tellement. il se sentait si ridicule que si jamais il levait le regard, il était persuadé de rougir jusqu'à la racine de ses cheveux. ce qui serait assez déstabilisant pour lui, mais flatteur pour elle. et khvan avait quand même une fierté sous son air innocent et naïf. il fallait vite l'aider à ranger ses parchemins, et partir directement. ne pas trop rester en sa compagnie. néanmoins, lorsqu'il leva le regard furtivement, il ne put s'empêcher de sentir une profonde chaleur grandir en lui. il baissa doucement le regard, pour prendre le dernier parchemin, et au même moment, les deux élèves de poufsouffle tendirent la main, s'effleurant l'un, l'autre. un frisson parcourut l'échine de khvan qui retira aussitôt la main.

- pardon. il ne leva pas le regard. il avait trop honte. et déjà, son teint de peau rougissait légèrement sous sa peau couleur sombre. sa main se mit à trembler doucement. est-ce que ça va ?

il releva doucement son regard, apercevant la main de lola, et, ne voulant lui mettre un vent, il saisit délicatement la main de la demoiselle comme si il avait peur de la briser, comme si elle eut été faite en sucre. il se releva doucement, ne répondant pas de suite. car si il lui répondait, il devait la regarder droit dans les yeux. comme son père lui avait appris. c'était un bon musulman. il leva le regard croisant le noir de lola. et là, ce fut la première fois qu'il se sentit valorisé, peut être. c'était la première qu'il se sentait réellement regarder par cette dernière et ça lui faisait du bien. car en quelque sorte, cela voulait dire qu'il ne lui était plus invisible. il eut un léger sourire. un sourire innocent, timide, presque. mais il lui répondit de sa voix douce, et musical.

- o-oui, oui. ça va. et toi ? ça va ?... sa voix se tut en un murmure délicieux.

il était captivé par son regard.

- je suis vraiment désolée, c'est de ma faute... Lola. Almadovar. fit elle. puis elle eut un sourire, et là, les jambes de khvan devinrent du chamallow. il ne dit rien, il ne changea pas d'expression de visage, mais les bouffés de chaleur étaient bien présente. tant est si bien qu'il se déserra son nœud de cravate noir et jaune.

- je sais. je... je sais parce que je connais ton frère très bien. moi, c'est khvan dahana. mais je sais pas si tu vois qui je suis... il avait un sourire. et son regard était plein de joie. comme si il vivait un rêve. en faites, il vivait son rêve. et c'est lorsqu'il s'en rendit compte qu'il baissa le regard, l'air tout à coup mal à l'aise. il... il... non. bon... euh... je crois que je dois y aller. j'ai un cours de métamorphose. et... euh...

où se mettre ? aucune issus.

il voulait vite en finir, et cela se sentait. il ne le faisait pas exprès, mais d'un autre côté, il savait que c'était nécessaire. il ne le faisait pas exprès, dans le sens où il était particulièrement maladroit et qu'il manquait totalement de tact pour se genre de chose. en même temps, devant lui, il y avait l'objet de tous ses fantasmes. cela faisait peut être six ans qu'il la regardait de loin, ne voulant l'approcher de peur de se faire mal, à cause de la religion, et maintenant... il en était au point de ne chercher aucun moyen de poser son regard sur sa personne de peur d'être tenter par des pensées qui iraient à l'encontre de sa religion. il la désirait. son corps la désirait. et contrairement à beaucoup des garçons de son âge, il les faisait taire, en se disant qu'il ne lui plairait jamais de toute façon. il souffle doucement, comme pour tenter d'évacuer quelques secondes la pression, pour pouvoir parler. néanmoins, elle avait une façon de prononcer son prénom... khvan leva le regard vers elle, un sourire sur ses lèvres, avant de... de... non, fallait qu'il y aille. ce qui lui dit. et il le fit. cependant...

- attends ! Je viens avec toi.

par tous les démons ! khvan s'arrêta doucement, fermant les yeux, son cœur se mettant à battre à tout rompre si tant était encore chose possible. il en avait oublié qu'elle était dans la même maison que lui, alors qu'il l'avait toujours su. chose pire. il en avait oublié qu'elle était de son année, et qu'elle suivait donc, les mêmes cours que lui. c'était à cause de son charisme, pensa t il, l'air abattu. elle était si belle, si éblouissante et si charismatique que lorsqu'il se plongeait dans ses yeux, il en oubliait tout autours d'eux. y compris qu'il était musulman, et qu'elle était catholique. vous comprendrez donc, pourquoi khvan évitait à tout pris de la regarder dans les yeux et qu'il l'évitait tout court.

- Tu ne trouves pas que c'est bizarre... On est dans la même maison. On suit les mêmes cours et on s'est débrouiller de ne jamais se croiser avant. Et puis je ne comprends pas comment Javier ne nous a jamais présenter, je connais tous ses amis ou presque. C'est vraiment drôle, on dirait...
- ohw ! oui, très bizarre ! fit il avec un sourire mal à l'aise. c'était peut être parce que khvan avait tout fait pour l'éviter. mais javier nous a déjà présenté, une fois... mais tu ne dois pas t'en souvenir. tyler t'avait fait des misères. il eut un pauvre sourire, avant de continuer sa route. marchant à côté d'elle. il ne disait rien, n'osait même pas penser. il lui lançait de temps à autres des regards, et il ne put s'empêcher, à un moment de lui dire : tu as beaucoup changé par rapport à l'année dernière... tu es encore plus jolie, je trouve. pourquoi il avait dit ça ? à ce moment là, il fuyait définitivement son regard. il... oublie ce que je viens de te dire. ajouta t il doucement, comme pour tenter de se racheter une conscience.